Verbes

En mundeze, tous les mots ont une racine invariable, le radical, à partir duquel on peut former le substantif, le verbe, l’adjectif et l’adverbe.

Exemple avec “pel- (parler, dire)

pele : parole
peli : parler
pela : oral, parlant
pelo : oralement

Le verbe se forme toujours en rajoutant la terminaison i au radical. Les verbes se terminent donc tous par -i *.

Exemples

si (être)
avi (avoir)
abli (pouvoir)
voli (vouloir)
oti (mettre)

* Le participe passif est considéré comme un “adjectif verbal”, le gérondif comme un “adverbe verbal”, et le participe présent est substantivé (en agent). Ces participes dérivés de la forme verbale prennent donc la terminaison correspondante à leur nouvelle nature.

topVerbes dérivés

Signification de verbes qui dérivent directement de racines non verbales :

  • Si la racine désigne une propriété ou un état, alors la forme verbale signifie en principe : “avoir cette propriété ou cet état”

Exemples

rodja (rouge) ➜ rodji (être rouge)
bela (beau/belle) ➜ beli (être belle/beau)
warma (chaud/e) ➜ warmi (être chaud/e)

Remarque : Par ailleurs, le mundeze utilise de préférence les formes verbales comme prédicat. On préfère dire “boni” plutôt que “si bona” (être bon/ne), “warmi” plutôt que “si warma” (être chaud/e)…

  • Si la racine désigne un instrument, un appareil, un outil… alors la forme verbale signifie en principe : “utiliser cet outil pour son usage habituel”

Exemples

gite (guitare) ➜ giti (jouer de la guitare)
vrume (voiture) ➜ vrumi (rouler en voiture)
dite (doigt) ➜ diti (toucher du doigt)

  • Si la racine désigne une substance, alors la forme verbale signifie en principe : “fournir de cette substance, garnir de cette substance”

Exemples

akwe (eau) ➜ akwi (arroser, mouiller)
awe (air) ➜ awi (aérer)
gore (or) ➜ gori (dorer)

  • Si la racine désigne une personne, un animal ou une chose animée, alors la forme verbale signifie en principe : “être ou agir comme une telle personne, un tel animal, une telle chose”

Exemples

redje (monarque) ➜ redji (régner)
wawe (chien/ne) ➜ wawi (être / se comporter comme un chien)
onde (vague, onde) ➜ ondi (onduler)

topTransitivité

Un verbe transitif est un verbe qui peut être directement suivi par un groupe nominal (un objet), sans préposition. Un verbe intransitif n’a pas d’objet.

Exemples

me gofi (je dors) ➜ gofi est intransitif
moke breki (le marteau est cassé) ➜ breki est intransitif
me nyami apole (je mange une pomme) ➜ nyami est transitif
me uzi komputire (j’utilise un ordinateur) ➜ uzi est transitif

La transitivité est souple en mundeze. Lorsqu’un verbe intransitif est suivi d’un objet, il devient transitif. Il n’est donc pas obligatoire d’utiliser le suffixe causatif -if- (voir la morphologie du mundeze).

Exemples

me gofifi tidey = me gofi tidey (j’endors les enfants)
moke brekifi glaspanele = moke breki glaspanele (le marteau brise la vitre)

topConjugaison

La conjugaison se fait au moyen d’adverbes. Les trois adverbes principaux sont :

Il y a également 3 adverbes qui permettent de préciser l’aspect de ce temps. Ils se placent toujours juste avant le verbe :

  • jo : pour une action accomplie (aspect accompli)
  • so : pour une action en cours (aspect progressif)
  • vo : pour une action prévue (aspect prospectif)
Temps Conjugaison du verbe “nyami” (manger)
Passé normal (pretempo) me nyami (Je mangeais, je mangeai)
Passé progressif (pretempo) me so nyami (J’étais en train de manger)
Passé accompli (pretempo) me jo nyami (J’avais mangé, j’eus mangé)
Passé prospectif (pretempo) me vo nyami (J’allais manger)
Présent normal (nutempo) me nyami (Je mange)
Présent progressif (nutempo) me so nyami (Je suis en train de manger)
Présent accompli (nutempo) me jo nyami (J’ai mangé)
Présent prospectif (nutempo) me vo nyami (Je vais manger)
Futur normal (postempo) me nyami (Je mangerai)
Futur progressif (postempo) me so nyami (Je serai en train de manger)
Futur accompli (postempo) me jo nyami (J’aurai mangé)
Futur prospectif (postempo) me vo nyami (Je serai sur le point de manger) *

* C’est une traduction approximative. Le futur imminent se traduit mieux avec l’adverbe nero (presque, bientôt). De même, l’adverbe teko (venir de, juste, à peine, à l’instant) convient mieux que jo pour le passé proche.

Exemples

me nero itesi (Je suis sur le point de partir)
me teko itesi (Je viens tout juste de partir)

Remarque : Les temps ne sont pas strictement les mêmes qu’en français, ce tableau n’a donc qu’une valeur pédagogique. L’absence des adverbes d’aspect, par exemple, ne signifie pas que l’action est ou n’est pas accomplie. De plus, préciser le temps est facultatif du moment qu’il l’est par le contexte.

Exemples

postempo me posdio tiiti (* moi demain venir = je viendrai demain)
me ayi pede as me jo fali (moi avoir-mal pied car moi * tomber = j’ai mal au pied parce que je suis tombé)

topJussif

Le jussif est un mode qui sert à exprimer une injonction, un ordre. C’est l’équivalent en français de l’impératif et de certains emplois du subjonctif. Le jussif est rendu par une intonation sur la terminaison -i du verbe, qui est indiquée à l’écrit par un accent aigu (ex : pelí = parle).*

Exemples

tiití! = Viens !
lo wayí = Qu’il se dépêche !
noy senyumorí! = Soyons sérieux !

Bien entendu, les adverbes de temps peuvent également servir à conjuguer dans le mode jussif.
Exemple : noy jo nyamí! = Ayons mangé !

*On peut remplacer l’accent aigu par une apostrophe après le i dans le cas où le clavier ne permet pas de le faire : peli’
Il est également possible d’exprimer l’idée d’injonction en utilisant l’adverbe mando avant le verbe. Exemple : tu mando nyami! = Mange !

topConditionnel

Il existe 3 manières de rendre le conditionnel tel qu’on le connait en français :

  • CONDITION

Ce conditionnel est normalement introduit par la conjonction sis (si). Il est rendu en plaçant le mot sa (alors, donc) avant le verbe, mais le contexte permet souvent de s’en passer.

Exemples

sis me preo nyami tie, me sa pati = Si j’avais mangé ça, je serais malade
sis me multavi, me sa pravesi eve = Si j’étais riche, je m’achèterais une maison
sis tu posdio tiiti, me (sa) felitci = Si tu viens demain, je serai(s) content

  • HYPOTHÈSE

Il est rendu en plaçant sis avant le verbe.

Exemples

lo sis muti si rolane = Elle aurait dû être comédienne
noy simatí me sis si kurane ni tu patane = On disait que je serais le médecin et toi le malade
lo sis leli nas avesi loa ofe = Il aurait menti pour obtenir son travail

  • SOUHAIT

Il n’existe pas et s’exprime simplement à l’indicatif.

Exemples

me speri ola te mado sami = Je souhaite(rais) que tous les Hommes soient matériellement égaux
(ples) nalcí na me sale = (S’il te plait) passe-moi le sel = Pourrais-tu me passer le sel ?
me felitci sis tu tiiti = Je serai content si tu viens = J’aimerais que tu viennes

Bien entendu, les adverbes de temps peuvent également servir à conjuguer dans le mode conditionnel.
Exemple : pretempo me sa nyami = J’aurais mangé

topFlexions du verbe

topParticipe passif

Pour le participe passif (adjectif verbal), on ajoute au verbe la terminaison -a de l’adjectif.

Exemples

peli (parler) + apelia (parlé/e) : franseze si pelia en multa ike (Le français est parlé dans beaucoup de pays)
prodavi (vendre) + aprodavia (vendu/e) : masuno prodavia fareye (Le produit le plus vendu)
kuki (cuire) + akukia (cuit/e) : saneye si upersato kukia (La viande est trop cuite)

topGérondif

Le gérondif a le même sens que l’adverbe, sauf qu’il se rapporte au sujet. Il se forme en ajoutant au verbe la terminaison -o de l’adverbe. En français, le sens équivaut au participe présent précédé de “(tout) en”. Par exemple : (tout) en parlant.

Exemples

peli (parler) + opelio (en parlant) : ane leri peli pelio (On apprend à parler en parlant)
gofi (dormir) + ogofio (en dormant) : lo gofio peli (Elle parle en dormant)
riiti (retourner) + oriitio (en retournant) : me jo wi lo riitio na dome (Je l’ai vu en rentrant chez moi)

topAgent

Pour former l’agent, on ajoute au verbe la terminaison -e du substantif.

Exemples

peli (parler) + epelie (celui qui parle, le locuteur) : pelie si mea bape (Celui qui parle est mon père)
yugi (jouer) + eyugie (celui qui joue, le joueur) : welí resta yugie (Regarde le joueur de droite)
morisi (mourir) + emorisie (celui qui meurt, le mourant) : va morisie salami tu (Ceux qui vont mourir te saluent)

11 comments

  • Concernant l’alternative à l’accent aigu, pour le volitif, je préfère l’apostrophe après le i pour deux raisons :

    1. Esthétiquement ça se rapproche de l’accent aigu, ce qui maintient une certaine cohérence graphique.
    2. La position de cette apostrophe, après le i, suggère un découpage comme s’il y avait une terminaison grammaticale qui vient après, mais qu’on ne voit pas. Un peu comme si j’écrivais pel’ pour noter la racine (pel’i). Écrire peli’ incite donc à placer l’accent tonique sur le i, ce qui rajoute encore en cohérence ^^

    Le double i est sympa dans le sens où le deuxième i se noie dans le premier, qui porte l’accent tonique (ce qui donne bien l’effet voulu), mais ça rallonge malheureusement la prononciation de la syllabe (pour peu qu’on reste fidèle aux règles de prononciation du mundeze)

    • Je rejoins ton point de vue en faveur de l’apostrophe.

      noy senyumorí!noy senyumori’!

      Mais je ne suis pas sûr de mon vote concernant un même sondage qui proposerait un remplacement pur et simple de l’accent aigu : tu connais mon extrémisme sur la question des diacritiques 😉 noy senyumorii!

  • Pour l’impératif, je préfèrerais placer une préposition juste avant le verbe qu’accentuer la dernière syllabe du verbe.

    tem voleta mode, me posami oti prelekse teko preen verbe vis aksentifi fina vosune a verbe.

    Je prends exemple sur le Kotava. En fait, ce ne serait pas forcément une préposition mais une particule préposée ou postposée. Je la placerais en extrémité de proposition de façon à ce que le pronom personnel et la préposition temporelle restent indissociables du verbe. Par exemple, je propose la particule hu. Ainsi :
    Mangeons : hu noy nyami ou noy nyami hu;
    Ayons mangé : hu noy pretempo nyami ou noy jo nyami hu et cetera.

    • Comme alternative à l’accent, tu peux mettre l’adverbe mando juste avant le verbe pour donner une idée d’injonction.

  • Concernant le jussif… Il n’est pas difficile de faire un í (i avec un accent aigu). Sur le clavier Azerty, il y a la touche morte ´ sur la touche 4, et avec un clavier Qwerty, il suffit de passer en mode Qwerty international. Mais si on ne peut pas… On avait testé quelques orthographe de substitution provisoire, mais je ne m’en rappelle plus. Je teste encore, désolé 😉

    tiití! = Viens !
    lo wayí = Qu’il se dépêche !
    noy senyumorí! = Soyons sérieux !

    tiitih
    lo wayih
    noy senyumorih

    tiiti’
    lo wayi’
    noy senyumori’

    C’est cette dernière qui est recommandée, si je me souviens bien.

    J’aurais peut-être une préférence pour :

    tiit’i
    lo way’i
    noy senyumor’i

    Notamment parce que ça m’aide à le prononcer (plus) correctement.

    Bon. Ce n’est qu’un détail. Bonne journée.

  • Est-ce que l’utilisation de ‘ ne risque pas de gêner lors d’une citation ?

    Comme “noy senyumori’”

    Pour l’informatique aussi, l’utilisation d’une autre notation serait peut-être plus efficace, pour ne pas risquer de mélanger des symboles qui servent au texte, mais qui sont parfois compris par l’ordinateur de manière différente.
    Je ne suis pas fan non plus du í.

    Il manquerait peut-être aussi une page expliquant la typographie exact du Mundeze, je ne pense pas en avoir vue.

    • Merci pour tes commentaires pertinents Uthisim. Je vais rédiger une page sur la typographie en gardant tes remarques en tête pour y répondre au mieux.
      Pour rappel, on peut très bien se passer du en utilisant l’adverbe mando, et dire “mando peli” plutôt que “pelí ». J’ai juste pensé à une alternative car les ordres sont généralement brefs. Cela dit, le plus important est d’être compris : Je pense qu’on pourrait très bien dire “nyami tua supe” (“mange ta soupe”, avec l’intonation sur nya-) et être parfaitement compris. L’utilité de marquer le jussif réside surtout dans son utilisation avec des pronoms. Par exemple : noy mando iti / noy ití (allons).
      Je ne suis pas prescriptiviste. Certains préfèrent écrire “pelii” avec 2 i. Moi je ne suis pas fan, mais je ne vois pas de problème avec ça, du moment que c’est compris.

      Je suis ouvert à une nouvelle ponctuation, plus cohérente, mais si tu as déjà de bonnes idées je suis preneur

  • Pas facile de résoudre la quadrature du cercle 🙂

    J’aime beaucoup “pelii” (parce que ça m’oblige à bien mettre l’accentuation) mais on risque de confondre avec “peli i” (qui certes ne voudrais pas dire grand-chose).

  • Le jussif tient plus de l’impératif que du subjonctif. Il est, en fait, traduit au subjonctif français que pour les personnes qui manquent à l’impératif de cette même langue, en fait, pour les traductions également, ça me rappelle un peu le castillan, sauf qu’en castillan, on n’utilise jamais l’impératif à la tournure négative (que le subjonctif). Comme il y a une flexion distincte de l’indicatif (le Í au lieu du I), je suppose que le ! n’est pas systématique ni indispensable. Y a un tric qui m’a rappelé un peu l’aneuvien : la possibilité d’élider le pronom de la deuxième personne du singulier :
    nyamí = inzhet = mange.
    noy nyamí = er inzhete = mangeons.

    Peut-on l’utiliser dans des phrases comme “je souhaite qu’ils viennent” ou “je souhaitais qu’ils vinssent”.

    Malheureusement, mes connaissances lexicales mundeziennes sont trop infimes pour que je puisse me laisser aller à quelque supposition.