Réforme orthographique du français
Voici une proposition de réforme orthographique du français, la « réforme accent aigu », fortement inspirée par un billet du blog Idées Multiples, mais aussi par un ouvrage de l’imprimeur Ambroise Firmin-Didot et par l’ortogrévsinte de « Vélonzio Noeudefée ».
- Présentation
- Transcription des lettres grecques
- Conversion des X muets en S (après U et I)
- Les TI- prononcés CI-
- Lexicalisation complète de certaines locutions
- Suppression de certaines lettres
- Les E prononcés A
- Les W prononcés V
- Francisation des emprunts
- Les mots en /waʁ/
- Nouvelles lettres et nouveaux digrammes
- Hiatus et glides
- Le son /s/
- Transformer certains S en Z ou C
- Le son /k/
- Les D et V finaux
- Le X
- Le pronom *quel
- Gent et tout
- Textes d’exemple
Présentation
Le but de cette réforme orthographique est d’amener la graphie du français à être plus systématique et simple qu’elle ne l’est aujourd’hui tout en la réconciliant avec ses origines romanes.
Voici donc, dans l’ordre d’importance, les mesures à adopter pour une telle réforme :
Transcription des lettres grecques
Autant j’apprécie l’étymologie, autant le français n’aurait pas grand-chose à perdre en transcrivant les lettres grecques d’une manière conforme au reste du système graphique de la langue, comme c’est le cas dans les autres langues romanes. On écrit donc ortografe, filosofie, fotografie, alfa, cronologie, ritme, asme, rume, arquéologie (notons ici la transcription différente de khi χ – <c> ou <qu> – selon le contexte, par cohérence avec la logique du français), etc.
Le castillan, le portugais et le catalan traitent ces lettres de manière tout à fait analogue. L’italien et le roumain possèdent eux aussi un système conforme à leur logique interne. Les Y ayant valeur de voyelle sont, naturellement, graphiés tout simplement <i> : fisique, clorofile.
Quid de l’étymologie ?
Ce point est sensible, puisque de nombreuses personnes sont attachées à la présence de rappels étymologiques dans la graphie du français. J’adore moi aussi l’étymologie, mais on ne peut pas fonder l’intégralité de notre système graphique sur des considérations étymologiques (qui ne sauraient être que partielles – il s’agit de mots français, et non grecs). La majorité des langues européennes sont passées par là (le français, l’anglais et l’allemand sont en fait les seules exceptions notables).
Conversion des X muets en S (après U et I)
La rétention des X finaux dans la graphie moderne du français étant une erreur manifeste, tant du point de vue de l’histoire de la langue que de sa cohérence interne, la quasi totalité des X muets devra tout simplement être changée en S.
Rappel
Cette pratique existe principalement parce qu’un certain nombre de personnes utilisaient autrefois le caractère X pour abréger la séquence us, fréquente en français (« chevaus » était abrégé en « chevax »). La réintégration du U s’étant faite sans la suppression du X, on se retrouve avec des X se comportant comme des S, qui réapparaissent d’ailleurs dans de nombreux mots dérivés (par ex. nombreux – nombreuses).
Cohérence dans les noms et les adjectifs
Tel que noté plus haut, le maintien du X pose des problèmes de cohérence. Par exemple : choix/choisir, nombreux/nombreuses, époux/épouse, etc.
On écrira donc naturellement chois, nombreus, épous, heureus, cheveus, mais aussi aus (qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler son cousin portugais aos).
Quant aux chous, genous, bijous et autres joujous, ils ont naturellement vocation à former leur pluriel en –s.
Verbes
Rien ne justifie à mon sens les je peux, tu veux. Le X se comporte ici comme un S dans les liaisons, alors que cette dernière est la marque courante des première et deuxième personnes du singulier dans la conjugaison des verbes du troisième groupe (prends, vois, etc.).
Donc, je peus, tu veus.
Nombres
On écrit deux et deuxième, six et sixième, dix et dixième. Tout comme on a déjà trois et troisième, il serait bien plus cohérent d’écrire : deus/deusième, sis/sisième (et soissante), dis/disième (et disaine).
Les TI- prononcés CI-
De nombreuses familles de mots alternent entre -ci- et -ti- (prononcés /si/), et cette dernière n’est pas phonétique… Essence mais essentiel, différence mais différentiel, etc. En espagnol, les graphies -ción (-ciones) et -cial (-ciales) sont utilisées, en portugais -ção (-ções) et -cial (-ciais). Les homologues français de ces graphies sont donc naturellement –cion et –ciel(le). Le T est conservé dans les mots où il apparait et se prononce comme tel (democracia mais democratización en espagnol, donc démocracie et démocratisacion en français).
Lexicalisation complète de certaines locutions
Soyons fous ! Les particules interrogatives est-ce que, qu’est-ce que et qu’est-ce qui ne sont absolument plus analysables en fonction de leur origine étymologique, et sont même répertoriées dans les dictionnaires comme des locutions invariables. Rien ne nous empêche donc de graphier de la façon suivante : esque, quesque, quesqui. Cette lexicalisation est déjà complète dans la langue parlée, même soutenue.
« – Esque tu veus sortir ? – Quesque tu veus ? »
On pourrait aussi faire de même pour d’autres locutions et mots composés comme parceque (voire pasque), peutêtre, sandoute, gagnepain, cassecou, rougegorge, choufleur, sousentendu, curedent, chédeuvre, porquépic, essuimain… sur le même modèle que affaire (à faire), vaurien (vaut rien), toujours (tous jours), fainéant (fait néant), plupart (plus part), soucoupe (sous coupe), alentour (à l’entour), gendarme (gens d’armes), etc.
Cela permettrait de ne plus hésiter quant au pluriel de ces mots, tout en rendant certains d’entre eux plus cohérents : la graphie arquenciels et sacamains justifie mieux le fait de ne pas faire de liaison (arcs-z‿en-ciel, sacs-z‿à-main).
Suppression de certaines lettres
Conjonction « et »
On devrait supprimer le T de la conjonction « et » qui ne se prononce plus depuis le latin et qu’on écrivait déjà « e » en ancien français.
Le verbe « être » à la 3PS
Dans la quasi totalité du français, les s devenus muets après des voyelles ont été soit retirés, soit remplacés par un accent circonflexe au-dessus de la voyelle précédente, y compris le verbe estre, devenu être, et sa conjugaison vous estes, aujourd’hui vous êtes. Seule la troisième personne du présent semble faire de la résistance… La nouvelle graphie de la conjonction « et » est un bon prétexte pour réorthographier le verbe, dont on préconise l’adoption de la forme êt pour cette conjugaison, le T final devant bien sûr être maintenu en raison des liaisons.
Le E caduc
De manière générale, je pense qu’il est préférable de conserver les E caducs après une consonne (médecin, passeport, maintenant…), mais je propose de les retirer après une voyelle, sauf après les U qui servent à durcir un G ou un Q. Cela concerne notamment les mots qui se terminent par -iement et -uement : gaiment, paiment, dénoument, vouvoiment, maniment, engoument… qu’on réécrirait sur le même modèle que gentiment, vraiment, absolument ou éperdument ; mais aussi tous les autres mots où il est en position finale : la joi, la proi, je nettoi, on vouvoi, il balai, une crai, une trui, la ventriloqui, essui, une ami s’êt évanoui, la copi, la bougi, une vrai comédi, la rou, elle êt ému, la cohu, la cigu (mais on garde le E dans la figue), fumer tu, je te salu, on échou, une idé, une épé sacré, une fé âgé, etc.
Même si la suppression de ce E crée quelques homographes (notamment entre les formes du futur et du conditionnel d’une poignée de verbes comme confier/confire, lier/lire, décrier/décrire) et ne permet plus de noter l’allongement de la syllabe encore réalisé dans certaines régions, cela permettrait surtout d’éliminer de nombreuses incohérences, notamment entre masculin et féminin :
- LE tournoi sans E, mais LE foie avec E
- LA soie avec E, mais LA foi sans E
- LE roi sans E, mais LA paroi sans E
- LA chimie avec E, mais LA fourmi sans E
- LE déni sans E, mais LE génie avec E
- LE blé sans E, mais LE musée avec E
- LA dictée avec E, mais LA liberté sans E
- LA pluie avec E, mais LE parapluie avec E
- LA grue avec E, mais LA glu sans E
Bien entendu, la majorité des terminaisons s’expliquent par l’étymologie de ces mots, mais il serait mieux de fixer une règle qui met de l’ordre dans tout ça, en l’occurrence en aplanissant toutes ces finales : la foi, le foi, la fourmi, la chimi, le déni, un incendi, le géni, le café, le musé, le licé, le scarabé, la clé, la psiqué, la fé, l’armé, la dicté, la plui, le paraplui, la glu, la gru, elle êt parti, elle êt resté, elle êt vendu, etc.
Les consonnes muettes
Aucune raison de garder le P de sept, sculpture, baptême, drap, galop, coup… ce qui donne set, sculture, batême, dra, galo, cou (tant pis pour l’homographie avec le cou gorge/nuque)…, ni le G de vingt (rajouté plus ou moins pour faire joli), doigt, sang, hareng, bourg, étang, long ou encore rang. Ce qui donne vint/vintième (le T se prononçant encore souvent dans les liaisons), doi/doité, san/sanguin, haren, bour, étan, lon et ran.
La flexion -nt de la troisième personne du pluriel s’écrira sans le N, sauf lorsqu’il sert à nasaliser un O. Le T, en revanche, est maintenu pour les liaisons : ils veulet, ils voulait, ils voudront, ils voudrait, qu’ils veuillet… Tous les chemins mènet à Rome.
À l’inverse, on gardera le N au détriment du T dans les participes présents et les noms, adverbes et adjectifs en -nt : « Le tribunal compéten a rendu un jugemen trop clémen en déclaran formellemen l’abandon des poursuites visan le conjoin violen« .
Dans le même élan, on se débarrasserait de toutes les autres lettres qui ne se prononcent jamais en dehors de certaines expressions figées : corps, alors, velours, poids, assez, transfert, flux, soûl, rat, condamner, automne… deviendraient donc cor, alor, velour, poi, assé, transfèr, flu, sou, ra, condaner, autone, etc. Les lettres finales qui se prononcent rarement pourraient réapparaitre comme lettres euphoniques après un tiret, comme c’est déjà le cas dans « A-t-il..? » : mo-t à mo (mot à mot), de tem-s en tem (de temps en temps), comen-t allez vous ? (comment allez-vous ?), pié-t à tère (pied à terre), nui-t é jour (nuit et jour), de fon-t en comble (de fond en comble), pa-s à pa (pas à pas)… quand ils ne seront pas tout simplement lexicalisés, comme avantièr (avant-hier). Cette réforme s’appliquerait aussi aux verbes, à la fin desquels la plupart des T n’indiqueraient quasiment que le pluriel à la troisième personne.
La disparition de la consonne muette finale éliminerait d’ailleurs beaucoup de pluriels irréguliers parmi ceux dont le singulier est identique : une souri/des souris, un radi/des radis, une noi/des nois, un né/des nés, un tapi/des tapis, un bra/des bras, un repa/des repas, un matela/des matelas, un pri/des pris, une voi/des vois, un ba/des bas… C’est pour garder cette régularité que je recommande l’ajout d’un S au pluriel des mots qui se terminent par un X ou un Z prononcés : un gaz/des gazs, un linx/des linxs, un quiz/des quizs, un index/des indexs.
Les mots dont la prononciation de la lettre finale est instable et varie selon les régions conserveront leur consonne finale : un ananas, du persil, un sourcil, un cerf, tandis que…
Le H
Le comportement différent des déterminants devant les mots commençant par H, qu’ils soient muets ou aspirés, est une difficulté inutile dont se passe très bien l’italien. Nous pourrions faire de même et éliminer les H muets au début et au cœur des mots, de façon à rendre l’utilisation de cette lettre plus cohérente. On écrirait donc l’omme, l’istoire, l’indouisme, l’omogénéité, j’abite, coabiter, l’idrogène, un menir, l’opital, l’orreur, adérer, l’erbe, du té, la cacaouète, l’eure, ièr, aujourdui, et surtout uile et uitre (le H n’étant même pas étymologique)… mais on le garderait pour la honte, éhonté, la hauteur, rehausser, un haricot, harceler, la haine, haïr… En revanche je suppose qu’il faudrait en rajouter un à « onze » puisque ce mot se comporte comme s’il avait un H aspiré : 11 = honze.
Plus positif et plus négatif
Nous devrions éliminer le S de plus lorsqu’il est négatif, même s’il est encore parfois prononcé en liaison : on gagnerait beaucoup en clarté à l’écrit.
« J’en veus plus » (J’en veux davantage) / « J(e n)’en veus plu » (Je n’en veux pas davantage)
Terminaisons épenthétiques verbales
Ce serait aussi l’occasion de désolidariser le S épenthétique des verbes conjugués à la deuxième personne du singulier à l’impératif, en les traitant de la même façon que le T, comme par exemple dans va-s y (au lieu de vas-y) ou donne-s en (au lieu de donnes-en) sur le même modèle que « va-t-il..? » ou « donne-t-elle ? ».
Les consonnes doubles
Autrefois la double consonne avait un vrai rôle dans la prononciation du mot, mais ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. On ne prononce plus « grammaire » comme « grand-mère », et « évidemment » ne se prononce plus « évident-ment ». De plus, rares sont les gens qui marquent la gémination des consonnes, sans compter les nombreuses incohérences comme la prononciation alternative du double L dans ville/fille ou mille/bille… c’est pourquoi je propose la suppression systématique de la double consonne… à part lorsque ce doublement sert à produire un son différent de si la consonne était seule, ou lorsque les deux lettres ont un rôle différent, comme c’est notamment le cas dans « ennui », « enneigé », « surréel » ou « je courrai ». On écrira donc ennivrer, ennorgueilli, enmurer, enménager, enmener, enmerder…
Les E prononcés A
Les adverbes dérivés des noms et adjectifs qui se terminent par -ent ou -ence contiennent un E prononcé comme un A. Ceci est dû au fait que la nasalisation du E qu’on entend dans la forme adjectivale était autrefois maintenu dans la forme adverbiale. À titre d’exemple, « prudemment » se prononçait « prudent-ment ». La dénasalisation a naturellement transformé le /ɑ̃/ en /a/. Je propose de simplement réécrire ce E en A.
prudent/prudament, évident/évidament, incident/incidament, pertinent/pertinament, pacient/paciament, précédent/précédament, récent/réçament… sur le même modèle que suffisamment, bruyamment, notamment, méchamment, etc.
On en profitera pour réorthographier femme, solennel, poêle et moelle en fame, solanel, pouale et mouale.
Les W prononcés V
Tous les W qui viennent de langues dans lesquelles on prononce /v/ seront réorthographiés avec un V. C’est principalement le cas des emprunts à l’allemand : édelweiss, würmien, Wagner, Wolfgang, gewurztraminer, wisigoth… mais aussi d’autres langues où ils s’écrivent originellement avec un V, comme walkyrie ou walhalla. Ces mots seront donc réorthographiés comme tel : édelveiss, vürmien, Vagner, Volfgang, gevurztraminer, visigoth, valkiri, valhala, et on en profitera pour désigner la graphie svatika comme étant la seule correcte.
Dans la mesure où les autres W se prononcent /w/ dans certaines régions, notamment en Belgique, tous les autres mots conserveront cette lettre : wagon, WC, interviewer, sandwich, walkman, walon, wasabi, waterpolo, waterproof, kilowatt, web, weekend, whisky, wiki, chewing-gum, steward, etc.
Francisation des emprunts
Les emprunts étrangers doivent globalement s’adapter à la phonétique française, mais aussi à son système graphique. Où sont donc nos lideurs qui jouent au foutebol ? L’espagnol et le portugais acceptent presque intégralement cette approche pour la transcription des termes d’origine étrangère (ex. líder).
Cette approche se rencontre partiellement en français avec des mots comme fioul, bouledogue, globetrotteur (ce dernier déjà accepté selon les rectifications de 1990). On pourrait aller plus loin en réécrivant raquèter, chouter, clache, un beuz, le feune, le biznès, un ticheurte, des basquettes, un cleub, une interviouw, un toste, édelvays…
Le cas du suffixe –ing
Le cas du sufixe -ing est intéressant, toutefois. Le problème est ici le statut du phonème /ŋ/ en français (existe-t-il vraiment ?) et sa réalisation variable selon les locuteurs.
Faute de mieux, gardons-le tel quel pour le moment : parking, bingo…
Les mots en /waʁ/
Le point de départ de cette réflexion sont les verbes « boire », « croire » et « accroire » qui sont les seuls verbes en /waʁ/ qui prennent un -e à la fin. J’ai d’abord pensé à les faire rentrer dans le rang en les écrivant « boir« , « croir » et « accroir » sans -e, comme tous les autres verbes en /waʁ/. Ensuite je me suis dit qu’il serait peut-être intéressant de faire l’inverse de façon à ce que tous les verbes du 2e groupe se terminent par -ir (agir, finir, grandir, guérir, unir, vieillir, maudir…) et tous ceux du 3e groupe (à l’exception de « aller ») par -re (atendre, prendre, mètre, vendre, boire, croire, voire, savoire, pouvoire, dire, écrire, séduire, venire, courire, ouvrire, mourire…), ce qui leur donne un petit air italien.
Cette réforme serait aussi une bonne opportunité pour faire en sorte que la finale -e des mots en /waʁ/ soit systématiquement attribuée aux verbes du 3e groupe ainsi qu’aux noms féminins. On dirait donc le pouvoir, le soir, le trotoir, le rasoir, le devoir… l’ivoir, le grimoir, le téritoir, le réfectoir, etc. par opposition aux noms féminins qui prendraient toujours un -e comme la poire, la foire, la victoire, l’armoire, la baignoire, l’istoire, la mémoire…
Nouvelles lettres et nouveaux digrammes
De façon à rapprocher le français de ses origines et de ses cousines latines tout en rendant son orthographe plus cohérente, on pourrait redéfinir la prononciation de certaines lettres et en utiliser de nouvelles afin de mieux retranscrire certains sons. Voici ce qui changerait :
Voyelles
Les sons /ɛ/ et /e/
Le son /ɛ/ s’écrirait soit <è>, soit <à>. Il serait donc toujours reconnaissable à l’accent grave : fàre (faire), j’aurà (j’aurais), màtre (maitre), pài (pays), àmer/amour (aimer/amour), plàsir (plaisir), ètre (être), fète (fête), rène (reine, renne, rêne), enfèr (enfer), concèr (concert), dessèr (dessert), fèr (fer), nèr (nerf), clèr (clerc)… Il faudrait alors éliminer tous les accents qui ne s’entendent pas à l’oral : « à » et « où » deviendraient « a » et « ou« , et les accents circonflexes disparaitraient.
Le son /e/ s’écrirait é, á ou -er en fin de certains mots : venés (venez), fétus (fœtus), célacante (cœlacanthe), ex-équo (ex æquo), j’á (j’ai), águ (aigu), fáblir (faiblir), panier, manger…
De la même façon qu’on écrirait « làsser » ou « éclàrcir » avec un accent sur le A, y compris devant un double S ou une coda, on pourrait faire de même avec le E en systématisant l’utilisation de l’accent lorsqu’il se prononce /e/ ou /ɛ/ dans ces cas-là. Il faudrait alors écrire dés, lés, avèc, éssàyer, déèsse, rèster, èspion, dèrnier, quàlque, cièl, èstrogène… ce qui faciliterait grandement l’apprentissage de la lecture du français.
En effet, la règle dit qu’il ne faut pas d’accent sur un E prononcé /e/ ou /ɛ/ si celui-ci n’est pas la dernière lettre de la syllabe, mais on est vite confronté aux mots qui se terminent par un E muet qui ne forme donc pas de nouvelle syllabe à l’oral. Par exemple, élève se prononce /e.lɛv/, donc le deuxième E ne devrait pas être accentué car il n’est pas la dernière lettre de la syllabe. Ce découpage datant d’une époque où le E final était encore prononcé, il faut alors tenir compte des syllabes écrites, et donc considérer que chaque voyelle (ou groupe de voyelles graphiques) est le cœur d’une syllabe. « Élève » se découpe alors en 3 syllabes écrites : /e.lɛ.və/. Dans ce cas, comment découper un mot comme « exemple » en syllabes écrites tout en restant cohérent avec la règle de l’accentuation ? Systématisons tout ça.
Transformer certains E en A (et inversement)
La possibilité de noter les sons /ɛ/ et /e/ avec un A accentué serait une très bonne opportunité pour réorthographier certains mots afin de les rapprocher de leur étymologie, leurs dérivés et leurs cognats : sàl/salá (sel/salé), fràre/fratèrnàl (frère/fraternel), pàre/patèrnàl (père/paternel), màre/matèrnàl (mère/maternel), màr/marin (mer/marin), tàl (tel), clá/clavier (clé/clavier), amàr/amàrtume (amer/amertume), prá/pràri (pré/prairie), ná/nasal (nez/nasal), chàr/charitá (cher/charité), réàl/réalitá (réel/réalité), sèxuàl/sèxualitá (sexe/sexualité), formàl/formalitá (formel/formalité), anuàl/anualiser (annuel/annualiser), actuàl/actualitá (actuel/actualité), oficiàl/oficialiser (officiel/officialiser), mortàl/mortalitá (mortel/mortalité), assá/satisfà (assez/satisfait), pádofile (pédophile), parètre (paraitre), francè (français), frè/rafrèchir (frais/rafraichir)…
Les participes passés et suffixes en -é ne seraient pas épargnés, ce qui rapprocherait davantage le français de ses cousines romanes :
Français : J’á rèspirá l’àr de la libèrtá.
Italien : Ho respirato l’aria della libertà.
Occitan : Ai respirat l’aire de la libertat.
Catalan : He respirat l’aire de la llibertat.
Espagnol : He respirado el aire de la libertad.
Portuguais : Respirei o ar da liberdade.
Bien que les infinitifs en -er s’écrivaient -are en latin, ces derniers sont épargnés par ce changement car le E se prononce tel quel aux futur et conditionnel, comme dans « il parlera, il parlerait ».
Le son /u/
Le son /u/ pourrait s’écrire O accent aigu <ó>, comme en occitan. On écrirait tót/total, vóloire/volontá, mórire/mor, amór, nós, ou encore vós.
Dans un premier temps, j’avais imaginé créer des digrammes OŁ et UŁ pour noter certains « OU » dont l’étymologie cache un L.
Cela permettait d’écrire foł (fou) pour le rapprocher de fol, folle, folie…
moł (mou / molle, ramollir, mollusque) ;
coł (cou / col, collier) ;
vołte (voûte / volte, voltige) ;
mołdre (moudre / moulin, moulons) ;
dissołdre (dissoudre / dissolvant, dissolution) ;
résołdre (résoudre / résolu, résolution, résolvons) ;
pułdre (poudre / pulvériser) ;
duł, dułce (doux, douce / édulcorer, dulcinée) ;
cułpable (coupable / culpabilité, inculper, disculper) ;
ácułter (écouter / ausculter) ;
fułdre (foudre / fulgurant, fulminer) ;
pułmon (poumon / pulmonaire) ;
ułtre (outre / ultra)…
…mais ces digrammes ne sont pas très productifs, sans compter qu’on se retrouverait avec 3 graphies différentes pour un même son là où il n’y en a qu’une seule actuellement. Tout bien réfléchi, le Ó suffit amplement. Gardons le Ł barré pour plus tard…
Utilisation du tréma
Les sons /œ/ et /ø/ s’écriraient O tréma <ö>, comme dans plusieurs langues germaniques d’où le français a emprunté ce son. Cette réforme mettrait enfin un terme aux problèmes posés par la lettre ligaturée Œ et le digramme UE (qu’on retrouve dans cueillir ou orgueil) : cör/cordial (cœur/cordial), sör/sororal (sœur/sororal), jöne/jóvence (jeune/jouvence), söl/solitude (seul/solitude), möble/mobilier (meuble/mobilier), öf/ovàre (œuf/ovaire), böf/bovin (bœuf/bovin), mörs/morale (mœurs/morale), nöf/novembre (neuf/novembre), vö/vóer (vœu/vouer), pöple/populàre (peuple/populaire), majör/majoritá (majeur/majorité), fö/foyer (feu/foyer), jö/jóer (jeu/jouer), flör/floral (fleur/floral), cólör/colorier (couleur/colorier), ayöl/ayöls (aïeul/aïeuls-aïeux), messiö/mèssiös (monsieur/messieurs), böre (beurre), cröser (creuser), dös (deux) et même öfémisme (euphémisme), öfori (euphorie), ögénisme (eugénisme), öcaryote (eucaryote), önuque (eunuque)…
Je suppose qu’on pourrait tout de même tolérer une exception : « Europe », qu’on pourrait écrire avec EU.
Le Ü tréma se maintiendrait après un Q ou un G lorsqu’il se prononce, comme c’est déjà le cas dans ambigüe, argüer, gageüre… mais on étendrait cette logique à d’autres mots comme éqüilatéral, ubiqüitá, réqüièm, ágüille, lingüistique, etc.
Fusion des accents aigu et grave
À mesure que le français évolue, il y a de plus en plus d’hésitation sur les accents aigus et graves quand ils ne sont pas en position finale, d’autant que la façon de prononcer dépend fortement des régions : événement/évènement, réglementaire/règlementaire, céleri/cèleri, sécheresse/sècheresse…
Certains lecteurs se sont certainement dit, en lisant cette page, qu’ils auraient placé des accents différents sur certains mots (des, les, j’ai..).
Je propose donc qu’on n’utilise que l’accent aigu, que ce soit sur le E ou sur les autres lettres. On écrira donc médecin/médecine, réve/réver, céder/cédera, léger/alége, séche/sécher, pái/páisage, j’á, béte/bétise, je parleré, etc.
Quelle alternative à l’accent circonflexe ?
L’accent circonflexe sert avant tout à témoigner de la disparition d’une lettre (le plus souvent un S, comme dans « forêt » ou « hôpital »), mais aussi à modifier la prononciation d’une voyelle (comme pour allonger le <a> de « grâce » ou fermer le <o> de « diplôme ») ou encore à éviter une ambigüité entre deux homographes (Le dû du travailleur).
Pour cette réforme, cet accent n’est réellement utile que pour distinguer deux homographes qui se prononcent différemment, ce qui ne concerne que les paires se différenciant par l’aperture du <o>. En effet, l’accent circonflexe permet de forcer la prononciation fermée d’un O, alors qu’on attendrait logiquement un O ouvert au vu de sa position dans la syllabe. C’est par exemple le cas dans « côte », qui se prononce avec un O fermé (/kot/), par opposition à « cote », qu’on prononce avec un O ouvert (/kɔt/).
Pour rappel, le <o> est supposé se prononcer /o/ s’il est dans une syllabe ouverte, mais il y a tellement d’exceptions, de contrexemples et de variations régionales que je préfère abandonner cette règle et laisser chacun adopter la prononciation qui lui semble la plus intuitive.
La disparition de l’accent circonflexe nous laisserait donc avec 5 paires d’homographes : cote/côte (➜ cote), notre/nôtre (➜ notre), votre/vôtre (➜ votre), molle/môle (➜ mole) et conne/cône (➜ cone).
Tant pis, ils sont trop rares pour mériter une nouvelle règle, le contexte suffira amplement pour les distinguer, comme c’est déjà le cas avec les avocat, bleu, poêle, mousse, rose, joue, gare, faille, couvent et autres fils…
Digrammes
Le digramme « OI »
Le digramme <oi> devient naturellement <óa> : Un róa sans fóa ni lóa.
Cela permet aussi de régulariser la prononciation du Y après un O (ou un A). En effet, ce dernier s’est maintenu dans des mots comme royaume, loyal, payer ou encor crayon pour éviter d’écrire un double <i> à roi·iaume, loi·ial, paie·ier et craie·ion. Les suites OY et AY doivent donc en principe se prononcer /waj/ et /ɛj/, mais on rencontre évidemment des exceptions avec mayonnaise, papaye, fayot, Cayenne, oyez, cacaoyer, coyote ou parfois goyave…
Le Y perdrait donc sa valeur de double <i> pour ne se limiter qu’à transcrire le son /j/. On écrira donc róayaume, lóayal, páyer et cráyon.
On pourrait réorthographier certains (O)UA en ÓA : igóane, jagóar, góano, góacamole, óate, cóar, zóave, póale, móale…
Le seul problème que pose ce nouveau digramme est qu’il crée de nouveaux homographes en ne permettant plus de distinguer les <oi> des <oua> :
la jóa (la joie) / il jóa (il joua)
la lóa (la loi) / il loua (il lóa)
la vóa (la voix, la voie) / il vóa (il voua)
la nóa (la noix) / il nóa (il noie) / il nóa (il noua)
le róa (le roi) / il róa (il roua)…
Tant pis, nous ferons avec. Après tout, non seulement ces homographes sont très rares et aisément distingables par le contexte, mais en plus la plupart des francophones prononcent les <oua> en une seule syllabe.
Les voyelles nasales
/ɑ̃/
Le son /ɑ̃/ s’écrirait toujours <an> ou <en>. Il pourrait aussi s’écrire <am> et <em> devant les lettres B et P (mais pas devant M) ou en fin de certains mots : lés enfans, une chambre, enmener, enmurer, l’ennui, un campemen, un cam (un camp), un tan (un taon), un pan/une pane (un paon/une paonne), le tem/lontem (le temps/longtemps)… On en profiterait pour réorthographier certains mots afin de les conformer à leur étymologie, comme résistence (du latin resistentia), sauf dans de rares cas pour connecter les mots à leurs dérivés, comme pour printan/printanier (printemps/printanier).
Les quelques mots qui se terminent par -AN /an/, -EN /ɛn/, -AM ou -EM seraient réorthographiés avec un -E à la fin : chamane, fane (fan), hóligane, vane (van), abdoméne, céruméne, dolméne, édéne (Eden), gluténe, iméne (hymen), larséne, liquéne (lichen), poléne (pollen), spéciméne, zéne (zen) quidame, aspartame, hamame, quidame, tamtame, trame, wébcame, islame, imame, spame, haréme, goléme, totéme, tandéme, réqüiéme, etc.
/ɛ̃/
Le son /ɛ̃/ s’écrirait <án>, <én>, <in>, ou <im> et <ám> devant les lettres B et P ou en fin de certains mots : ánsi (ainsi), mán/manuál (main/manuel), sánt/sánte (saint/sainte), sán/sanitáre (sain/sanitaire), chián/chiáne (chien/chienne), italián/italianiser (italien/italianiser), lesbián/lesbianisme (lesbien/lesbianisme), fám/famine (faim/famine), dám (daim), éssám (essaim), plén/plénitude (plein/plénitude), venger/véndicatif (venger/vindicatif), vincre/victóare (vaincre/victoire), sin/sinus (sein/sinus), sindica (syndicat), félin/féline, simple, simpatique, tim (thym), timpan (tympan)… De manière générale on s’efforcera d’orthographier les mots de façon à les conformer à leur étymologie, mais on priorise avant tout le rapprochement avec les dérivés, comme par exemple éxamin/éxaminer (examen/examiner), copin/copine (copain/copine) ou venger/véndicatif (venger/vindicatif).
Le son /ɛ̃/ ne s’écrirait jamais <im> devant un M : inmangeable, inmanquable, inmettable…
On suivrait naturellement la même logique pour le son /wɛ̃/, qui s’écrirait donc <óán>, <óén> ou <óin> : lóán (loin), fóén/fenáson (foin/fenaison), besóin (besoin), babóin/babóine (babouin/babouine)…
Les rares mots qui se terminent déjà par -IN /in/ ou -IM /im/ seraient réorthographiés avec un -E à la fin : djine (djinn), pidgine, gime (gyme), intérime, goyime, slime, etc.
/ɔ̃/
Le son /ɔ̃/ s’écrirait <on>, ou <om> devant les lettres B et P ou en fin de certains mots : On a vu le balon ron tomber sur son fron, licaon, nom/prénom, tu m’intérom, du plom, lombago/lombáre, acuponcture/ponccion, ponch, etc.
Les quelques mots qui se terminent déjà par des -ON ou -OM non nasalisés seraient réorthographiés avec un -E à la fin, et les mots importés du latin qui se terminent par -UM prendraient la même terminaison : canyone, pogrome, sitcome, slalome, cédérome… bóare du rome, un albome, podiome, référendome, aluminiome, minimome/maximome, calciome, sérome, médiome, etc.
/œ̃/
Le son /œ̃/ s’écrirait toujours <un>, ou <um> devant les lettres B et P, ou en fin du mot « parfum » : un/aucun/chacun/quálcun, comun, tribun, lundi, brun, emprun, défun, humble, etc.
On pourrait exceptionnellement admettre l’orthographe <ön> pour noter ce son dans le mot « jön » (jeûn).
AU et EAU
Quitte à conserver des digrammes, autant les rendre cohérents : on pourrait emprunter le Ł barré au polonais comme nouvelle lettre de l’alphabet (qu’on pourrait nommer /ew/) afin de former de nouveaux digrammes qui remplaceront les AU(X) et EAU(X) dont l’étymologie cache un L. Ainsi, les digrammes <ał> et <eł> se prononceraient tous deux /o/ : un cheval/dés chevałs (un cheval/des chevaux) un rival/des rivałs, (un rival/des rivaux), la pałme de la mán (la paume de la main), il sałte hałt/altitude (il saute haut/altitude), un bél ome/un beł garçon (un bel homme/un beau garçon), un hełme (un heaume), un ałtál (un autel), un chateł fort/un chatelán (un château fort/un châtelain), un chapeł/un chapelier (un chapeau/un chapelier), un óaseł/une óaséle (un oiseau/une oiselle), un jóayeł/un joailler (un joyau/un joailler), etc.
On pourrait tolérer six ou sept exceptions à la prononciation du digramme <eł> : ełs (eux), cełs (ceux), vieł/viełs (vieux), ciełs (cieux), fieł/fiełs (fieu/fieux), cheveł/chevełs (cheveu/cheveux) et peut-être miełs (mieux). Dans ces rares cas, on le prononcerait [ø].
Le choix du Ł barré n’est pas innocent : En polonais, cette lettre se prononce /w/, et c’est ainsi qu’on prononçait le L en français vers le XIe siècle quand il se trouvait après A, E, I et O devant une consonne ou en fin de mot. On vocalisait donc le L dans des mots comme chastel (chateau), albe (aube), fals (faux) ou encore chapel (chapeau), en les prononçant /t͡ʃa(s)tew/, /awbə/, /faws/ et /t͡ʃapew/, et c’est pourquoi on a fini par le remplacer par un (A)U. Ce phénomène se produit actuellement dans le portugais brésilien dans lequel on prononce « Brasil » comme /bɾaziw/.
Quand l’étymologie ne cache pas un L
L’ « eau » pourrait s’écrire simplement… o (bóare de l’o, un seł d’o).
Dans la même veine, les digrammes AU dont l’étymologie ne cache pas de L pourront s’écrire avec un simple O :
cose (cause), pose (pause, pose), nosé (nausée), goche (gauche), restoran (restaurant), j’orá (j’aurai), oditör (auditeur), odio (audio), odience (audience), otör (auteur), odace (audace), orore (aurore), ogure (augure), inogurer (inaugurer), plosible (plausible), aplodir (applaudir), astronote (astronaute), otomatique (automatique), otobus (autobus), otoctone (autochtone), otentique (authentique), otoriser (autoriser), oguste (auguste), oréole (auréole), sona (sauna), cochemar (cauchemar), toreł (taureau), tromatisme (traumatisme), close (clause), cocion (caution), instorer (instaurer), codal (caudal), oxiliáre (auxiliaire), otiste (autiste), cotériser (cautériser), cocasién (caucasien), otone (automne), omone (aumône), ostral (austral), ostérité (austérité), dinosore (dinosaure), ogmenter (augmenter), osculter (ausculter), frode (fraude), clostrofobe (claustrophobe), roque (rauque), fone (faune)…
J’ai un peu hésité au début car, pour le coup, cette orthographe ne rapproche pas ces mots de leur origine, mais je me suis fait une raison parce que :
– comme pour le /u/, pour lequel j’ai abandonné <oł> et <uł>, je ne voulais pas trop de graphies possibles pour un même phonème (il y a déjà <o>, <ał> et <eł>, c’est suffisant)
– il y a déjà d’autres mots dont le <au> étymologique a été réorthographié <o>, comme or, doré, dorade, orfèvre, oreille, orage, chose, oser, orgueil, poser…
– au final, comme pour les EU qui ne cachent pas de L, il n’y a pas beaucoup de mots concernés. Une nouvelle graphie ne serait donc pas très productive.
Le double L
Je propose enfin de remplacer les <-il> et <-ill> prononcés /j/ par un double L <ll> : famille/familial (famille/familial), de l’all/des ałs (de l’ail/des aulx), travall/travałs (travail/travaux), un öll/des yös (un œil/des yeux), fölle/folio (feuille/folio), cöllire/colécte (cueillir/collecte), döll/dólör/indolore (deuil/douleur/indolore), abélle (abeille), orélle (oreille), bótélle (bouteille), talle (taille), billé (billet), paréll (pareil)…
Pour le mot « fils », je pense qu’il serait mieux de l’orthographier « fills » plutôt que « fis » dans la mesure où cela maintient un lien de parenté avec les dérivés (fills/fille/filial) sans être trop incohérent phonétiquement étant donné que, même si on prononçait ce double LL, on ne l’entendrait pas.
Transcription du son GN
Autrefois noté avec le trigramme IGN, le son [ɲ] s’écrit aujourd’hui GN. Malheureusement, la séquence GN se retrouve aussi dans des mots où il se prononce différemment, comme gnou, agnostique, diagnostique, gnome, magnum, pugnace, stagner, etc.
Pourquoi ne pas le transcrire avec un <ń> comme en polonais ? Cela permettrait notamment de rapprocher graphiquement des mots apparentés en évitant d’incruster un G au milieu du mot : bán/báńer (bain/baigner), malin/malińe (malin/maligne), bénin/bénińe (bénin/bénigne), chatán/chatáńe (chatain/chataigne), contréndre/contréńan (contraindre/contraignant, qu’on écrirait avec un E comme dans « restreindre »), lóán/élóańer (loin/éloigner), gán/gańer (gain/gagner), san/sáńer (sang/saigner), sóán/sóańer (soin/soigner), péndre/péńons (peindre/peignons), póán/póańe (poing/poigne), témóán/témóańer (témoin/témoigner), lińe/linéáre (ligne/linéaire), vin/vińe (vin/vigne), ońon (ognon), cańone (cañon)…
Cette nouvelle lettre offre l’occasion de franciser les emprunts qui se terminent en -ING. Le <ń> se prononcerait alors toujours /ɲ/ avant une voyelle, et /ŋ/ dans les autres cas : dińe (digne) / diń ou dińg (ding), grińoter (grignoter) / grińgo (gringo), parkiń ou parkińg (parking), chewińgome (chewing-gum), campińcar (camping-car)…
Cette nouvelle graphie justifierait le fait qu’on ne puisse pas prononcer bińɡo comme /bɛ̃.go/.
Le son CH
On pourrait imaginer noter le son CH /ʃ/ par un <ć>, toujours dans le souci de rapprocher les mots concernés de leurs dérivés et cognats dans les autres langues romanes. On aurait ainsi séc/séće (sec/sèche), ćeval/cavalier (cheval/cavalier), ćam/campańe (champ/campagne), ćávre/caprin (chèvre/caprin), bóće/bucal (bouche/buccal), ćanter/cantique (chanter/cantique), ćapeł/capitáne (chapeau/capitaine), ćar/carosse (char/carrosse), marćandise/mércantile (marchandise/mercantile), ćás/casanier (chez/casanier), ćałve/calvici (chauve/calvitie), ćián/canin (chien/canin),… qui deviennent alors plus proches de leurs cognats seca (espagnol), cavalo (portugais), campo (italien), capră (roumain), boca (espagnol), cantar (portugais), cappello (italien), car (roumain), mercancía (espagnol), casa (portugais), calvo (italien), câine (roumain)…
Les autres groupes de lettres qui produisent ce son ne feront pas exception : faćisme (fascisme), ćampóin/ćampóiner (shampooing/shampouiner), caćér (casher), ćéma (schéma), fućia (fuchsia)…
Le G dur et le G doux
Vers le Ve siècle, les G se palatalisent et leur changement de prononciation entraine un changement de la graphie. Le G a disparu dans la plupart des mots où il était en position initiale comme dans joie, jouir, jambe, jardin, jaune, etc. (du latin gaudia, gaudere, gamba, gardinium, galbinus), mais a été conservé dans geai et dans des mots comme nager, purger, propager, obliger…
Dans un premier temps j’ai envisagé de convertir tous les G doux en J, mais je trouvais dommage de déconnecter oblijer de obligacion. A contrario, je n’aime pas le fait d’ajouter un E pour écrire obligean, d’autant que ce digramme GE deviendrait bien plus courant avec la transformation des EU en Ö, comme dans « nageör« , ou à cause des participes passés comme le « envisageá » écrit plus haut.
De la même façon que l’accent aigu indique une palatalisation du <c> dans <ć>, je propose le remplacement de tous les <g> doux par des <ǵ> : ǵóa, ǵóir, ǵambe, ǵardin, ǵałne… mais aussi ǵá (geai), naǵer/navigacion (et naǵör), purǵer/purgatóar, propaǵer/propagacion, obliǵer/obligacion, venǵer/venǵance, ǵambon, juǵer, ǵargon (jargon), ǵałǵer (jauger), gaǵure (gageure), oranǵe, sugǵéstion, ǵar (jars)…
Cela permettrait de ne plus noter le G dur qu’avec un simple G : gitare, orgöll, tirer la lange, géto, en fatigan, arguer (plus besoin de noter le tréma) et évidemment segonde (il n’y a aucune raison de conserver le C pour faire un rappel étymologique alors qu’on l’a remplacé par un G dans « aigu, dragon, cagoule, lagune, cigogne, cigale »…).
On devrait profiter de l’occasion pour réhabiliter les J injustement remplacés par des G, comme jeniévre (du latin juniperus) ou jázire (« gésir », du latin jacere).
Hiatus et glides
La disparition des digrammes composés de 2 voyelles permet de se débarrasser des ï trémas et de certains H. Par exemple, auri (ahuri), cou (cohue), ćau (chahut), etc. Le i pourra aussi garder sa prononciation syllabique dans des mots comme pái (pays), naif (naïf), abái (abbaye), mais (maïs), hair (haïr), trair (trahir), coincider (coïncider), astéroide… mais on pourra écrire payén (païen), ayöl (aïeul), paranoya (paranoïa) et bayonéte (baïonette).
Comme je l’ai écrit plus haut, le <y> a valeur de double <i> quand il suit une voyelle, comme dans royal, loyal, balayer, relayer, appuyer, essuyer… où il revient à écrire roi·ial, loi·ial, balai·ier, relai·ier, appui·ier, essui·ier, etc.
« bruyant » s’écrit donc avec un <y> parce qu’on entend deux <i> : /bʁɥi.jɑ̃/. Un premier syllabique /i/ et un deuxième glidé /j/ juste après, donc on écrit un <y> pour ne pas écrire « bruiiant ». Pourtant, « client » se prononce /kli.jɑ̃/, et un seul <i> suffit. La seule raison pour laquelle on ne met pas de <y> à « client » est parce que le <i> ne suit pas une autre voyelle.
Or, si on accepte le fait de prononcer le <i> de « client » /ij/, on peut en faire autant dans « bruiant« . Cette dernière orthographe est d’ailleurs beaucoup plus logique, d’autant qu’en français on ne fait pas la différence entre /kli.jɑ̃/ et /kli.ɑ̃/, ni entre /bʁɥi.jɑ̃/ et /bʁɥi.ɑ̃/.
En résumé, le son /j/ s’écrira toujours <y> entre deux voyelles, sauf s’il y a déjà un /i/ qui peut faire la liaison entre les deux syllabes. Toutefois le <i> restera inchangé dans les suffixes nominaux -ier et -ière, ou dans les flexions verbales de l’imparfait et du subjonctif : róayal, vóayaǵe, envóayer, baláyer, reláyer, éssáyer, téiére, caféier, cacaoier, nós créions, vós évoluiés, que vós supléiés, éssuier, apuier, ennuier, bruian, etc.
Le son /s/
De manière générale, le S se prononce /s/ sauf lorsqu’il se trouve entre deux voyelles, auquel cas il se prononce /z/. J’ai tenté de généraliser cette règle à tous les mots, donc dorénavant il est nécessaire de doubler le S même devant un préfixe : associal, antissocial, vrássemblable, cossińer (cosigner), téléssiége, assimptomatique, contressens, tournessol, parassol, cudessac (cul-de-sac)… tout comme on écrit, avec raison, ressortir ou ressurgir. Cela a d’ailleurs plus de sens que le double F de « affaire ».
Le digramme SC sera simplifié en S ou en C au cas par cas, en gardant le S s’il permet de faire un lien avec un autre mot apparenté, sinon en gardant le C dans les autres cas : seł/séler (« sceau/sceller », avec un S car le C n’est pas étymologique), aquiésser (acquiescer), sience (« science », en privilégiant le S pour le garder connecté à savóare), siamen (sciemment), pissine (« piscine », avec un S pour le connecter à póasson), diciple (disciple), facicule (fascicule), décendre (descendre), acensör (ascenseur), adolécen (adolescent), céne (scène), cénario (scénario), obcéne (obscène)…
Les emprunts qui se finissent par un double S pourraient prendre un -E final : le strésse, des strasses, éxprésse, du glosse, biznésse, fitnésse, motocrosse, le bosse, etc.
Il reste des mots un peu particuliers, qui se terminent par un -S et dont la forme au singulier est identique au pluriel, comme « virus ». J’ai du mal à imaginer écrire des « dés virusses« , et les autres solutions envisagées, comme l’utilisation d’un Ş cédille (un viruş) ne me conviennent pas d’autant que ces mots sont très peu nombreux, donc je pense les laisser comme ça pour le moment : virus, vis, as, oasis, os, procéssus, bus, órs, fills, cassis, rinocéros, cosmos, sas, sens, hélas, cóscós, ténis, jadis, albinos, aloés, us, bis, lis, Vénus, Mars…
Transformer certains S en Z ou C
Lorsque le S se prononce /z/ alors qu’il avoisine une consonne, on le transforme en Z : balzamique, Alzace, tranzaccion, intranzigeant, tranzicion (mais transidentitá), etc.
Lorsque le S n’est pas étymologique, il est réorthographié Z s’il se prononce /z/, et C s’il se prononce /s/. Ça concerne beaucoup de mots qui se finissent par -aison, comme rázon (« raison », du latin ratio), sázon (« saison », du latin sationem), comparázon (du latin comparatio)… mais également d’autres mots comme vóazin (« voisin », du latin vicinus), cuizine (du latin cocina), plázir (« plaisir », du latin placere), magazin (de l’arabe مخازن\maḵāzin), ćacer (« chasser », de l’ancien français chacier, lui-même issu du latin captiare), bacin/bacine/bac (« bassin/bassine/bac », du latin baccinus, lui-même issu du gaulois bacca), adréce (« adresse », du latin directio), ćançon (« chanson », du latin cantionem), dancer (du latin dantiare), Suice (de l’allemand Schwyz), ainsi que tous les mots formés avec le suffixe -iser (du latin -izare) : cotizer, agonizer, batizer, féminizer, modérnizer, réalizer, actualizer, umanizer, utilizer, minimizer…
Je propose de réorthographier les prépositions « dans » et « sans » en denz et senz. C’était d’ailleurs l’orthographe la plus courante en ancien français. Cela rapproche non seulement ces mots de leur étymologie latine (deintus et sine), mais ça justifie aussi pourquoi on prononce un /z/ dans les liaisons (puisqu’un S doit normalement se prononcer /s/ quand il avoisine une consonne, comme dans « danse »), et ça réserve davantage le S pour le pluriel.
Il a travallá sis ans denz une férme senz étre páyá.
On pourrait faire de même pour toutes les prépositions, conjonctions et adverbes se finissant par un -S qui s’entend dans des liaisons lorsque ça permet d’éviter une homographie :
– déz ałjórdui / dés amis
– sóz un arbre / dés sós
– paz un brui / a dös pas d’ici…
Le son /k/
Lorsqu’ils ne sont pas suivis d’un E ou d’un I, les Q deviendront de simples C, même pour les mots interrogatifs (après tout on écrit bien « combien » et « comment » avec un C). On écrirait donc catre, carante, cinc, cincante, casimen, la calitá, un coc, le cartier, cotidien, une picure, picante, adécóa, écóacion, acóatique, cö/codal (queue/caudal)… mais aussi cand (quand), qui/que/cóa (qui/que/quoi), cál (quel) et pórcóa (pourquoi) ou encore certaines formes des verbes qui se terminent par -quer : je picá, il bloca, tu mancá, éle se moca… On étendra cette logique aux autres mots de façon à ce que le son /k/ ne s’écrive plus qu’avec un C, un K ou un QU suivi d’un E ou d’un I: sacarose, aquérire, squizofréne, acréditer, oroc, yak, tank…
Certains mots admettront une double orthographe, comme cadrilatére ou cóadrilatére.
Au visionnage d’une vidéo YouTube de « Casual Conlanger », j’ai été séduit par la proposition de remplacer les C par des G dans des mots comme « direct » ou « correct » dont les dérivés s’écrivent avec un G, de façon à rapprocher graphiquement des mots apparentés sans en changer la prononciation (en français, les consonnes voisées s’assourdissent lorsqu’elles précèdent une consonne sourde comme le T, comme le B de obtenir ou absent qui se prononce alors /p/) :
- dirégt, dirégtemen, dirégcion, dirégtör / diriǵer, diriǵan, diriǵable…
- corégt, corégtemen, corégcion, corégtör / coriǵer, coriǵible…
- intélégt, intélégtuál / intéliǵen, intéliǵence, intéliǵible…
- élégcion, élégtör, élégtoral, élégtora / éliǵible, éliǵibilitá…
- érégcion, érégtil, érégtör / ériǵer, ériǵable…
- protégcion, protégtör, protégcionisme / protéǵer, protéǵable…
Les noms et adjectifs en -que
Tous les adjectifs qui se terminent par un son vocalique + /k/, qu’ils soient masculins ou féminins, s’écrivent toujours avec <-que> (logique, comique, opaque, cardiaque, intrinsèque, rauque, réciproque, quelconque…) SAUF « chic », « laïc », « public » et « caduc ».
« chic » s’écrit toujours avec un C, tandis que « laïc », « public » et « caduc » sont les formes masculines de « laïque », « publique » et « caduque ».
Il n’y a d’ailleurs pas non plus beaucoup de noms communs qui se terminent par une voyelle + un C prononcé : pic, tic, fric, flic, hic, déclic, trafic, arsenic, basilic, aérobic, alambic, lombric, loustic, porc-épic, pronostic, diagnostic ; lac, sac, trac, hamac, bac, tarmac, ammoniac, vrac ; bec, échec, fennec, mec, grec ; roc, bloc, choc, manioc, froc, estoc ; duc, truc, suc, viaduc, aqueduc…
Pour éliminer ces exceptions, trois solutions sont possibles :
- Harmoniser ces mots, noms et adjectifs, en les écrivant tous avec <-que> :
le publique, le diagnostique, un porquépique, un tique de langaǵe (un tic de langage), le frique c’ét ćique (le fric, c’est chic), un porquépiqu, un laque (un lac), le traque (le trac), un éćéque (un échec), un méque (un mec), le roque (le rock), le manioque (le manioc), un duque (un duc), un truque (un truc)…
Cette solution ne me plait pas du tout car non seulement cela crée des homographes, mais cela déconnecte des mots comme public/publicité, laïc/laïcité, roc/rocher, duc/duchesse…
_ - Considérer que les noms et adjectifs masculins se terminent toujours par <-c>, et les féminins par <-que> :
la loǵique / c’ét loǵic / un rázonemen logíc / une régle loǵique
c’ét comic / un spéctacle comic / une séri comique
un niveł basic / une éxplicacion basique
un objét antic / une civilizacion antique
un objét cubic / une forme cubique
un afrodisiac / un produi afrodisiac / un pocion afrodisiaque
un probléme cardiac / une maladi cardiaque
un évéc/évéćá
opac/opacitá
le circ/circuláre
un monarc/monarći
un masc/mascarade
un orc/une orcéle (la créature fantastique pourrait s’écrire ork)
le manc, un ornitorinc, un calc, un folc, un casc, un disc, le risc, le ménisc, un molusc, un obélisc…
_ - Considérer que les noms communs masculins se terminent toujours par <-c>, et ceux au féminin par <-que>, mais harmoniser les adjectifs en les écrivant tous avec <-que> :
le public / un sérvice publique
le fric, c’ét chique
un macac maniaque
un lac paradisiaque
la valör intrinséque d’un ćéc
la peruque du duc
J’hésite encore entre les deux dernières solutions.
Les D et V finaux
Dans la plupart des cas, les D et V sont assourdis en fin de mot. Par exemple, les V de « leitmotiv », « kalachnikov » et « cocktail Molotov » se prononcent /f/.
De même, le D de « grand » se prononce /t/ quand il y a une liaison (le grand‿écart, répond-elle, pied-à-terre, de fond‿en comble, etc.). Il ne conserve sa prononciation /d/ que dans de rares exceptions (sud, quid) ou dans quelques emprunts (led, plaid, raid, apartheid, quad, caïd, bled, stand, round, flood, weekend…). La majeure partie du temps, surtout en finales de verbes, le D est assourdi en /t/.
Pour d’autres mots, en revanche, on a pris le parti de directement écrire avec la consonne équivalente sourde. C’est notamment le cas de œuf, bœuf, unif, neuf, bref, sauf et d’autres adjectifs masculins comme actif, naïf, tardif ou massif.
Étant donné que cette proposition de réforme orthographique a supprimé la quasi-totalité des consonnes finales muettes, la solution qui consiste à réorthographier le D final en T ne serait pas intéressante pour les rares mots restants se terminant par un D qui se comporte comme un T dans les liaisons car cela ne concernerait à ma connaissance que « grand » et « cand » (quand). Pas la peine donc de déconnecter « grand » de « grande » en l’écrivant « grant« .
En revanche, les F finaux sont beaucoup plus productiFs. On devrait donc systématiser la règle qui consiste à assourdir les V en fin de mot, auquel cas on pourrait écrire öv/ováre, böv/bovin, növ/növe/nóveł, brév/bréve, sałv/sałve, vöv/vöve, activ/active, adjéctiv/adjéctival. Cette solution présenterait l’avantage de ne pas devoir voiser une consonne sourde en cas de liaison, comme par exemple dans « 9 heures » ➜ növ‿öres.
Le X
Les finales en -xion
Les noms qui se terminent par <-xion> et dont la forme verbale contient un C seront réorthographiés en <-ccion> de façon à mieux connecter les mots de même famille : fléćir/fléccion, réfléćir/réfléccion, conécter/conéccion… mais on conservera le X dans anéxer/anéxion, crucifier/crucifixion, mixture/mixion…
/ks/ ou /gz/
La prononciation du X est un vrai casse-tête.
La règle est que le X se prononce /ks/ sauf si le mot commence par EX- ou HEX- et est suivi d’une voyelle, auquel cas il se prononce /z/ (a l’exception de « exécrable » ?)
J’ai imaginé 3 alternatives :
1. La première option est de faire une règle semblable à celle du S, à savoir que sa prononciation est voisée entre 2 voyelles :
éxact, éxamin, éxércice, éxemple, éxister, éxode, éxulter, éxagone, éxaler, éxiber, éxiǵer, éxorter, éxumer…
mais sa prononciation reste sourde s’il y a une consonne à côté :
éxcuse, éxqui, éxfiltrer, éxpier, éxtériör, éxtréme, téxte, éxposer, éxtraordináre, anxiöse, marxisme…
Dans ce cas, par quoi remplacerait-on le X prononcé /ks/ entre deux voyelles ?
<cc / cç> ?
éccépcion, éccé, éccélen, tacce, véccer, éccépcion, sécce, plécçus, sécçaǵénáre, acce, sacçofone, lacciste, ficce, miccité, bocce, toccique, occiǵéne, lucce, lucçacion…
L’avantage de cette solution est que (presque) tous les /ks/ s’écriraient de la même façon, comme dans accion, accéder, acciden, accépter, accélérer, occitan…
<xc / xs> ?
éxcépcion, éxcé, éxcélen, taxse, véxser, séxse, pléxsus, séxsaǵénáre, axse, saxsofone, laxsiste, fixse, mixsité, boxse, toxsique, oxsiǵéne, luxse, luxsacion…
L’avantage de cette solution est que le changement ne se voit pas trop.
<xx> ?
taxxe, véxxer, séxxe, pléxxus, séxxaǵénáre, axxe, saxxofone, laxxiste, fixxe, mixxité, boxxe, toxxique, oxxiǵéne, luxxe, luxxacion…
L’avantage de cette solution est que ça ferait parfaitement écho à la règle du S entre deux voyelles.
2. La deuxième option serait de toujours prononcer le X /ks/, et de réorthographier les autres X en <gz> ou <xz> (ou <cz> comme dans eczéma ? Mmh non) :
éxcuse, éxqui, éxfiltrer, éxpier, éxtériör, éxtréme, téxte, éxposer, éxtraordináre, anxiöse, marxisme, taxe, véxer, séxe, pléxus, séxaǵénáre, axe, saxofone, laxiste, fixe, mixité, boxe, toxique, oxiǵéne, luxe, luxacion…
mais
égzact, égzamin, égzércice, égzemple, égzister, égzode, égzulter, égzagone, égzaler, égziber, égziǵer, égzorter, égzumer…
(cette graphie présente l’avantage d’être phonétique)
ou
éxzact, éxzamin, éxzércice, éxzemple, éxzister, éxzode, éxzulter, éxzagone, éxzaler, éxziber, éxziǵer, éxzorter, éxzumer…
(cette graphie serait logique à coté du <xc> qu’on retrouve notamment dans exciter)
3. La troisième option, qui a de loin ma préférence, serait d’utiliser l’accent aigu très caractéristique de cette réforme afin de différencier les deux prononciations.
x = /ks/
x́ = /gz/
taxe, véxer, séxe, pléxus, séxaǵénáre, axe, saxofone, laxiste, fixe, mixité, boxe, toxique, oxiǵéne, luxe, luxacion, éxcuse, éxqui, éxfiltrer, éxpier, éxtériör, éxtréme, téxte, éxposer, éxtraordináre, anxiöse, marxisme…
éx́act, éx́amin, éx́ércice, éx́emple, éx́ister, éx́ode, éx́ulter, éx́agone, éx́aler, éx́iber, éx́iǵer, éx́orter, éx́umer…
En attendant de trouver une solution satisfaisante, je ne change rien à la règle actuelle :
éxact, éxamin, éxércice, éxemple, éxister, éxode, éxulter, éxagone, éxaler, éxiber, éxiǵer, éxorter, éxumer…
éxcuse, éxqui, éxfiltrer, éxpier, éxtériör, éxtréme, téxte, éxposer, éxtraordináre, anxiöse, marxisme, éxcépcion, éxcé, éxcélen, taxe, véxer, séxe, pléxus, séxaǵénáre, axe, saxofone, laxiste, fixe, mixité, boxe, toxique, oxiǵéne, luxe, luxacion…
Le pronom *quel
Le pronom *quel se décline de plein de façons différentes : lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles, duquel, de laquelle, desquels et desquelles. Le fait de dessouder le déterminant du pronom « cál » (quel) apporterait surement plus de cohérence : le cál, la cále, lés cáls, lés cáles, ał cál, a la cále, ałs cáls, ałs cáles, du cál, de la cále, dés cáls, dés cáles.
Gent et tout
Auparavant, de nombreux mots en -T voyaient cette dernière lettre disparaitre au pluriel pour ne garder que le -S, surtout dans les mots qui finissaient par -ENT ou -ANT :
le petit enfant > les petis enfans
un passant > des passans
un parent > des parens
un élément > des élémens
une dent > des dens
La réforme de 1835 a réintégré le T au pluriel, à deux exceptions près : gent/gens et tout/tous.
Gent
Si l’on souhaite régulariser le pluriel de « ǵent », deux options s’offrent à nous :
– Soit on rajoute le T au pluriel en étant conscient qu’il sera toujours muet : ǵent/ǵents ;
– Soit on élimine le T au singulier en étant conscient que de nombreuses personnes le prononcent (« la genT féminine »).
La première option a ma préférence.
Tout
Le cas de « tout » est encore plus compliqué puisqu’il ne s’écrit et ne se prononce pas toujours de la même façon selon qu’il s’agisse de l’adjectif, de l’adverbe ou du pronom :
– En tant qu’adjectif, la consonne finale est toujours muette au masculin : « tout le monde / tous les gens » mais le T se prononce au féminin (« toute la vérité / toutes les femmes »).
– En tant qu’adverbe, le T se prononce toujours dans les liaisons (« tout ouïe / tout autour / tout en marchant ») et reste toujours invariable (« il est tout petit / ils sont tout petits ») sauf devant un adjectif féminin qui commence par une consonne (« elle est toute petite / elles sont toutes petites).
– En tant que pronom, la consonne finale se prononce dans les liaisons (« touT à 2€ / touS ensemble / elles sont touteS émoustillées).
Pour régulariser ce mot, je pense qu’il faut avant tout réintégrer le T là où il avait disparu, tant pour l’adjectif : tót le monde / tóts lés omes / tóte la véritá / tótes lés fames… que pour le pronom : tót a 2€ / tóts ensemble / nós tóts / ils sont tóts partis / éls sont tótes partis.
Pour ce qui est de l’adverbe, je pense qu’il serait mieux de toujours l’écrire invariablement tót, même lorsque le T est prononcé : ils sont tót petits / éls sont tót petites. On gagnerait baucoup en cohérence.
Après tout, la disparition des lettres muettes rend moins étrange le fait de prononcer celles qui se maintiennent à l’écrit : débu, ató, salu, debó, égó, institu, marabó, vint, ót, but, brut, mazót, scót, scorbut… tót petites.
Textes d’exemple
Tós lés omes násset libres é égałs en dińitá é en dróas. Ils sont dóás de rázon é de consience é dóavet aǵir lés uns envér lés ałtres denz un éspri de fratérnitá.
Mátre Corbeł, sur un arbre pérćá,
tená-t en son béc un fromaǵe.
Mátre Renar, par l’odör aléćá,
lui tin-t a pö pré ce langaǵe :
É bonjór, messiö du Corbeł.
Que vós étes joli ! Que vós me semblés beł !
Senz mentire, si votre ramaǵe
Se raporte a votre plumaǵe,
Vós étes le fénix dés otes de cés bóas.
A cés mos, le Corbeł ne se sen paz de ǵóa ;
É pór montrer sa béle vóa,
Il óvre un larǵe béc, lásse tomber sa próa.
Le Renar s’en sázi é di : Mon bon Messiö,
Aprenés que tót flatör
Vi-t ałs dépens de celui qui l’ácóte.
Céte leçon vał bién un fromaǵe, senz dóte.
Le Corbeł hontö é confu
Jura, más un pö tar, qu’on ne l’i prendrá plu.
La cigale, áyan ćantá
tót l’étá,
se tróva for dépórvu
cand la bise fu venu.
Paz un söl peti morceł
de móće ó de vérmisseł.
Éle ala crier famine
ćás la fórmi sa vóazine,
la prian de lui préter
cálque grán pór subsister
jusqu’a la sázon nóvéle.
Je vós páyeré, lui di-t él,
avan l’ót, fóa d’animal,
intéré é principal.
La fórmi n’ét paz prétöse ;
c’ét la son móindre défał.
« Que fesiés vós ał tem ćał ?
di-t éle a céte empruntöse.
— Nui-t é jór a tót venan
je ćantá, ne vós dépláze.
— Vós ćantiés ? j’en suis for-t áze.
Éh bién ! dancés mántenan. »
Je t’áme épérdumen, é je te le di, é je te le répéte, é més paroles te l’éxprimet, é més básers te le próvet, é cand j’á fini… je recomence. Je vódrá recomencer ánsi pendan l’éternitá, é ćaque sóar, je regréte la nui qui va s’écóler senz tóa, é ćaque matin, j’en vö ał soléll de briller, come ałjórdui, cand tu n’és paz denz més bras.
Une grenólle vi-t un böv
qui lui sembla de béle talle.
Éle qui n’étát paz grosse en tót come un öv,
enviöse s’éten, é s’enfle, é se travalle
pór égaler l’animal en grossör,
disan : Regardés bién, ma sör ;
Ét-ce assá ? dites-móa ; n’i suis-je póin-t encor ?
— Néni.
— M’i vóaci donc ?
— Poin du tót.
— M’i vóala ?
— Vós n’en aproćés póin.
La ćátive pécore
s’enfla si bién qu’éle creva.
Le monde ét plén de ǵens qui ne sont paz plus saǵes :
Tót bórǵóa vö batir come lés grands Séńörs,
Tót peti prince a dés ambassadörs,
Tót marqui vö-t avóar’ dés paǵes.
Notre Páre, qui és ałs ciełs,
que ton nom sóa sanctifiá,
que ton réńe viéne,
que ta volontá sóa fáte
sur la tére come ał ciél.
Done nós ałjórdui notre pán de ce jór.
Pardone nós nos ofenses,
come nós pardonons ałsi a cełs qui nós ont ofensás.
É ne nós lásse paz entrer en tentacion
más délivre nós du Mal.
Amén.
Tableau de conjugaison : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1JBzk8MAHI6c2cVWW6YEk-ZgCw2ozh-H7qKs4HNkUxdU/edit#gid=0
Autres
Accord du participe passé
Les difficultés des règles de l’accord du participe passé sont bien connues et ne se justifient plus dans le français d’aujourd’hui. Cet accord du participe doit appartenir au passé. Dorénavant, le participe passé devrait rester invariable avec l’auxiliaire avoir, peu importe la position du COD :
- Les livres que j’ai lu. (au lieu de « lus » )
- Les musiciens que j’ai entendu jouer sont très bons. (au lieu de « entendus » )
- Le vent a emporté les chemises que j’avais mis a sécher. (au lieu de « mises » )
- L’histoire qu’ils ont trouvé amusante. (au lieu de « trouvée » )
- La décision que j’ai pris. (au lieu de « prise » )
Note : L’accord du participe aurait été artificiellement introduit en français par le poète Clément Marot au 16e siècle. Voltaire écrivit à ce propos : « Clément Marot a ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe passé… Je pense que c’est le deuxième qui a fait le plus de ravages ! »
Parallèlement à l’invariabilité du participe passé avec avoir, je propose que le participe passé des verbes pronominaux s’accorde toujours avec le sujet :
- Ils se sont mentis. (au lieu de « menti » )
- Elle s’est lavée les cheveux. (au lieu de « lavé » )
- Les cheveux qu’elle s’est lavée… (au lieu de « lavé » )
- Les numéros qui se sont succédés. (au lieu de « succédé » )
- Elle s’est dite que ce serait bien. (au lieu de « dit » )
Encourager un nouvel usage
Depuis des siècles, le latin classique, le latin vulgaire, le roman et le français ont énormément évolué, naturellement et artificiellement, et la langue continue de ce faire, que nous le voulions ou non. Chaque nouvel usage a été décrié avant de devenir la norme. Par exemple :
- La négation avec explétifs comme pas, point, rien, mie, goutte, etc. s’est imposée à la place de la négation traditionnelle avec « ne ». Au début, ces mots explétifs servaient juste à renforcer la négation : Je ne bois goutte / Je ne mange mie / Je ne vois rien / Je ne couds point / Je ne marche pas… jusqu’à ce que le « pas » s’impose en tous contextes au point qu’il ait supplanté le « ne », lequel vient dorénavant à disparaitre dans le langage familier, et même en langage moins familier dans certaines régions comme au Québec.
Je ne mange > Je ne mange mie > Je ne mange pas > Je mange pas.
_ - En ancien français, on utilisait généralement « pour » ou « de » devant un infinitif pour exprimer un but (« il est venu pour manger », « elle a envie de parler »). L’emploi de « à » devant l’infinitif a commencé à apparaitre et a été longtemps perçu comme incorrect ou dialectal. Aujourd’hui, « à » est devenu une construction parfaitement acceptée pour exprimer le but ou l’objectif, comme dans « J’ai quelque chose à faire » ou « Il est prêt à partir ».
_ - L’usage du pronom impersonnel « on » comme substitut du pronom « nous » est un phénomène qui s’est développé progressivement dans la langue française. À l’origine, le pronom « on » vient du latin homo, signifiant « l’homme » au sens générique (tout être humain), et était utilisé de manière impersonnelle pour désigner une personne ou des personnes de façon indéterminée : « On dit que… » ; « On sonne à la porte. »
Dès le 17e siècle, mais surtout au 19e siècle, « on » commence à être utilisé pour remplacer « nous » dans le langage parlé, en particulier dans un registre plus familier et informel. Cet usage, autrefois très critiqué et qualifié d’ « imbécile », s’est progressivement répandu dans les différents registres du langage au point que le verbe s’accorde désormais en nombre quand il est utilisé à la place de « nous » (ex : on est partis).
_ - L’utilisation de « des » au lieu de « de » devant un adjectif pluriel commence en rendre la forme « correcte » pédante.
La règle classique impose l’article « de » plutôt que « des » devant un adjectif suivi d’un nom au pluriel, comme dans « de belles rencontres » au lieu de « des belles rencontres ». Cependant, dans la langue parlée, beaucoup de locuteurs utilisent « des » par facilité (« des belles rencontres »). Cet usage est de plus en plus courant et aujourd’hui bien toléré.
_ - Historiquement, « malgré » est une préposition signifiant « en dépit de », et elle est suivie d’un nom ou d’un pronom : « Malgré la pluie, nous sommes sortis. »
Les grammairiens classiques ont longtemps rejeté l’usage de « malgré que » suivi d’un verbe (et donc d’une proposition subordonnée). Selon eux, la structure correcte pour exprimer une concession avec une subordonnée est « bien que » ou « quoique », et « malgré » doit se limiter à l’introduction d’un nom ou d’un pronom, car il est une préposition et non une conjonction. Au fil du temps, l’usage répété de « malgré que » dans la langue parlée a poussé certains linguistes et grammairiens à le reconsidérer, si bien que certains dictionnaires et grammaires contemporaines commencent à l’indiquer comme un usage familier ou toléré, bien que non formel. On le trouve par exemple dans des phrases comme : « Malgré qu’il ait promis de venir, il n’est pas venu. »
En somme, l’acceptation progressive de certains usages dans le langage courant reflète une tendance de la langue à s’adapter aux usages réels de ses locuteurs, malgré la résistance initiale des règles grammaticales établies. Leur acceptation ne constitue pas plus un nivèlement par le bas que l’abandon des déclinaisons du latin, il s’agit simplement de l’évolution de la langue.
Après que + subjonctif
L’une des grandes particularités de la langue française réside dans la variété et la complexité de ses modes verbaux. Cette diversité, qui contribue à la richesse de la langue, engendre également des dilemmes grammaticaux, parmi lesquels l’emploi du subjonctif ou de l’indicatif après la locution « après que » : selon la norme grammaticale traditionnelle, « après que » doit être suivi de l’indicatif, mais, dans la pratique, de nombreux locuteurs utilisent spontanément le subjonctif.
Le mode indicatif est généralement employé pour marquer une action considérée comme réalisée ou certaine, alors que le subjonctif exprime souvent l’incertitude, le souhait, ou la subjectivité. Étant donné que « après que » désigne une action accomplie (dans le passé ou dans l’avenir, mais certaine), il parait logique d’utiliser l’indicatif. Ainsi, on dira selon la règle : « Nous sortirons après que la pluie sera terminée. »
Malgré cette règle, une grande partie des locuteurs francophones emploient spontanément le subjonctif après « après que ». On entend couramment : « Nous partirons après qu’il ait fini de parler. »
Cette tendance n’est pas récente : elle est déjà notée dans les grammaires du 20e siècle comme une « faute » récurrente, qui s’explique notamment car le subjonctif est souvent associé aux locutions conjonctives introduites par « que » (bien que, pour que, jusqu’à ce que, avant que). Il parait donc naturel pour de nombreux locuteurs d’appliquer le même modèle après « après que », par analogie.
Lorsqu’une forme comme le subjonctif après « après que » devient dominante, il est pertinent de s’interroger sur l’opportunité de l’intégrer officiellement, ce qui présenterait plusieurs avantages :
La règle actuelle est perçue comme contre-intuitive par de nombreux francophones. Son adaptation permettrait de mieux harmoniser les règles de grammaire avec les tendances de l’usage courant, facilitant ainsi l’apprentissage et l’appropriation de la langue.
De plus, Maintenir une règle que la majorité des locuteurs ignore ou trouve peu naturelle renforce l’impression de commettre des « fautes » pour des raisons qui paraissent arbitraires. L’adaptation de la norme permettrait de valoriser des usages authentiques sans culpabiliser les locuteurs. Surtout que la langue française a toujours évolué en intégrant des usages répandus, même lorsque ceux-ci allaient à l’encontre des prescriptions initiales (par exemple, l’acceptation du pronom « on » pour remplacer « nous » dans le langage courant). Adapter la règle de « après que » au subjonctif s’inscrirait dans cette dynamique de modernisation.
Adopter certains régionalismes
Le français standard gagnerait beaucoup à s’enrichir de certains régionalismes plus intuitifs. Je pense notamment aux nombres 70 (septante), 80 (huitante) et 90 (nonante) qui remplacent les horribles opérations mathématiques que sont les « soixante-dix », « quatre-vingts » et « quatre-vingt-dix ».
Pour info, les Romains comptaient en base 10 (système décimal) mais les peuples qu’ils ont envahis en Gaule comptaient en base 20 (système vigésimal) et cet usage a longtemps perduré en ancien français : vint-e-dis (30), deus-vinz (40), deus-vint-dis (50), trei-vinz (60), trei-vint-dis (70), quatre-vinz (80), quatre-vint-dis (90)… quinze-vinz (300), etc. même si une bonne partie de l’Est de la France a continué d’utiliser le système décimal, comme en témoigne cette carte du début du 20e siècle :
Cet usage a disparu au profit de l’autre par son enseignement à l’école, donc il serait tout à fait possible de faire l’inverse si on le voulait.
D’autres régionalismes autrefois utilisés dans toute la France élimineraient certainement pas mal de confusion, comme « dégun » utilisé à la place du pronom « personne » en Occitanie, ou sa variante « négun » plus proche de ses cognats romans.
Parallèlement à « maintenant », il serait intéressant d’utiliser « asteur« , très courant à l’oral dans de nombreuses régions francophones.
J’encourage aussi l’utilisation de traductions déjà bien implantées à la place des termes anglais, moins adaptés à la phonologie du français. C’est notamment le cas de magasiner (faire du shopping), chiclet (chewing-gum), divulgacher (spoiler), clavardage (tchat), courriel (e-mail), pourriel (spam), fin de semaine (weekend), etc.
J’aime aussi le verbe « claver » qu’on utilise en Aveyron pour dire « fermer à clé ».
En connaissez-vous d’autres ?
Régulariser les pluriels
Parmi les langues romanes, le français se distingue particulièrement par l’irrégularité du pluriel des noms, au point que, même adultes, beaucoup de francophones natifs font encore des erreurs. Sont-ils pour autant plus à blâmer que la difficulté du français ? Laissons donc la langue évoluer en arrêtant de juger les locuteurs qui se contentent juste de généraliser des règles logiques.
Les pluriels en -AUX
On devrait accepter que les mots en -AL puissent faire leur pluriel en -ALS et arrêter de corriger ceux qui font la « faute ». Parallèlement aux pluriels en -AUX, on pourrait alors dire un cheval/des chevals de la même façon qu’on dit des festivals, des bals, des carnavals, des chacals, des récitals ou des régals.
Dans la même veine, les quelques mots en -AIL qui font leur pluriel en -AUX pourraient accepter un pluriel régulier en -AILS. À côté des détails, des portails, des rails, des éventails… on trouverait des ails (aulx), des corails (coraux), des bails (baux), des vitrails (vitraux), etc.
Ce serait une façon de revenir aux sources.
Les pluriels irréguliers
D’autres noms communs changent aussi de prononciation sous leur forme plurielle. C’est notamment le cas de œuf/œufs, bœuf/bœufs, bonhomme/bonshommes, aïeul/aïeux, ciels/cieux, os/os, œil/yeux…
Je pense qu’on devrait admettre la prononciation du F final de œufs et bœufs, comme le font certains quand ils disent « quatre œufs, cinq œufs… », ce qui me semble moins insensé que de rajouter un /z/ de liaison (par exemple : quatz‿œufs, neuf z’œufs, mille z’œufs…).
Officialisons le pluriel bonhommes parallèlement à bonshommes, sur le même modèle que l’adjectif. Après tout, personne ne parle de « bonshommes de neige ».
Tout comme « travail », le « ciel » a la particularité d’avoir deux pluriels différents, cieux ou ciels, selon le sens du mot. À quoi cela sert-il d’insister sur la prononciation « cieux » lorsqu’on se réfère à la voûte céleste ? Acceptons que les croyants puissent prier les ciels.
Acceptons aussi la prononciation du S final à « os » lorsqu’il est au pluriel, et profitons-en pour réorthographier ce mot en lui rajoutant un -E final (un osse/des osses). Ça éviterait peut-être à certains de croire qu’on « perd les os » avant un accouchement.
Le pluriel le plus étrange de notre langue est incontestablement « yeux », qui contraste très fortement avec son singulier « œil ». Il est d’ailleurs si contrintuitif que, comme avec les « œufs », certains ajoutent un /z/ de liaison après des déterminants qui ne se finissent pas par S ou X (entre quatz‿yeux, l’araignée a huit z’yeux, mille z’yeux, le nombre de z’yeux…). Si on ajoute à ça le fait que les dérivés comme « œil-de-chat » ou « œil-de-bœuf » font leur pluriel en « œils-de-chat » et « œils-de-bœuf », je ne vois vraiment pas de raison de bouder un pluriel « œils« , qui se rapprocherait d’ailleurs davantage de la façon dont il est prononcé dans les langues romanes voisines (wal. ouys, occ. uòlhs, cat. ulls, gal. ollos, port. olhos…).
Dire et faire à la 2PP
Aux alentours du XIIIe siècle, les formes verbales « vous dites » et « vous faites » se sont peu à peu imposées par influence de la forme impérative. Auparavant il existait les formes « nous dions / vous diez / elles dient ». Ce changement a évidemment apporté son lot d’irrégularités, comme des désinences différentes pour les dérivés « vous interdisez, vous contredisez, vous prédisez… », mais cela brise surtout le lien régulier qui existe entre les conjugaisons à la 1PP et la 2PP. C’est logique : si on apprend « nous visons/vous visez, nous lisons/vous lisez, nous taisons/vous taisez, nous plaisons/vous plaisez, nous pesons/vous pesez… », il est naturel qu’on généralise cette logique en disant « nous disons/vous disez » et « nous faisons/vous faisez« .
Il faudrait laisser le français évoluer en arrêtant de corriger les enfants lorsqu’ils conjuguent les verbes de cette façon, et donc en acceptant cette deuxième conjugaison tout comme il en existe plusieurs pour le verbe « assoir ».